Google : une menace pour les comparateurs d’assurances

Google a mis en ligne une version Bêta de son comparateur d’assurances auto. Une entrée dans un marché fleurissant qui pose quelques questions en matière de concurrence déloyale, compte tenu des énormes bases de données dont dispose le moteur de recherche.

Si pour l’heure, le comparateur de Google n’en est qu’à sa version d’essai, nul doute que l’outil du géant d’internet devrait avoir un impact immense sur un marché en pleine expansion. Néanmoins, en lançant son comparateur d’assurance auto en ligne, Google pose quelques problèmes d’éthiques. Avec sa grande connaissance des internautes, le moteur de recherche dispose d’un avantage certain sur ses concurrents. Ainsi, pour Olivier Arroua, associé fondateur du cabinet de conseil Selenis, l’arrivée de Google sur le marché des comparateurs est « une très mauvaise nouvelle pour la concurrence ».

Google sait tout

Google est utilisé par plus de 90% des internautes Français. Il mémorise vos recherches, connaît vos habitudes, vos préférences, sait où vous habitez via la géolocalisation, etc. Autant d’éléments qui sont des atouts pour la société informatique. « Google va générer un monopole en mettant à profit toute sa puissance en matière de connaissance de l’internaute », ajoute Olivier Arroua.

Au-delà des informations déjà connues par le moteur de recherche, lorsque vous aller utiliser l’outil de comparaison d’assurances automobiles, Google vous demandera de remplir un formulaire très complet et précis qu’il enregistrera. « On peut aisément penser que malgré toute sa bonne volonté affichée, Google va orienter le trafic vers son propre comparateur », estime le fondateur du cabinet de conseil en stratégie et management.

Risques de contentieux juridiques

Reste que, en France, les acteurs du marché sont nombreux et bien installés, tels Assurland.com, lelynx.fr ou encore lesfurets.com. D’après une étude réalisée justement par lesfurets.com, 49% des Français ont déjà utilisé un comparateur d’assurances et 90% connaissent le nom des principaux acteurs du marché.
Assurland.com, le leader qui génère quelque 3 millions de visiteurs uniques sur son site par mois, affirme ne pas craindre l’arrivée du géant d’internet. « Cela permettra de développer l’accès aux offres pour les consommateurs », a déclaré Stanislas Di Vittorio, directeur général du comparateur à L’Argus de l’Assurance.

La tâche serait donc rude pour le géant du net ? Pas du tout selon Olivier Arroua. « Pour moi il n’y aucun doute, Google va vite dépasser l’audience des plus grands comparateurs », affirme l’associé de Selenis. Et le spécialiste va même plus loin. Pour lui en prenant « une position dominante, ce qui ne fait aucun doute compte tenu des capacités de la firme américaine, oui Google peut être accusé de concurrence déloyal et il n’est pas impossible qu’un adversaire saisisse un jour la justice », avance Olivier Arroua.

Un nouveau modèle économique

Actuellement, dans sa version Bêta, Google compare les offres de seulement 7 assureurs ou courtiers en assurances (Amaguiz, 4assur, Allsecur, A comme Assure, Aloa Assurances, Active Assurances et SOSMalus). Très peu au regard des plus grands comparateurs qui, en moyenne, affichent entre 20 et 60 partenariats. Et rien en comparaison avec les 128 contrats que le moteur de recherche a réussi à obtenir pour sa version britannique du comparateur d’assurances auto, en ligne.

Pour Olivier Arroua le nombre de partenariats devrait très rapidement exploser. Cela grâce à un nouveau modèle économique« très pertinent » que Google a mis en place. « Il propose de facturer les commissions versées en fonction des affaires nouvelles (et non pas selon le volume de mises en relation ou de demandes de devis, comme cela se fait chez la plupart des comparateurs, ndlr), avec un seuil de facturation minimum », explique le directeur du cabinet Selenis.

Google fait rarement les choses au hasard, et si le lancement de la version Bêta est intervenu fin juillet, la version définitive devrait être opérationnelle pour septembre 2013. Ce qui correspond peu ou prou, à l’examen au Sénat du projet de loi sur la consommation proposée par Benoît Hamon. Parmi les mesures phares du texte, la possibilité pour les particuliers de résilier leur contrat d’assurance à tout moment après un an de souscription.

La loi pourrait inciter les Français à changer d’assureurs ou tout du moins à aller voir ailleurs si les offres sont plus intéressantes, notamment en comparant en ligne. On comprend donc l’intérêt pour les comparateurs, en particulier Google qui aura, sans doute, su promouvoir son outil d’ici là.