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Assurance vie : les mutuelles ne veulent pas favoriser le risque
Contrairement aux sociétés d’assurance, les mutuelles d’assurance ne souhaitent pas pousser leurs clients à investir dans les unités de comptes. Mais leur position pourrait changer.
Les mutuelles et les sociétés d’assurance ne sont décidément pas pareilles. Y compris en matière d’assurance vie. Si la majorité des compagnies cherchent actuellement à vendre davantage d’unités de compte (UC), qui exigent beaucoup moins de fonds propres que les contrats en euros selon les nouvelles règles prudentielles, les assureurs vie mutualistes se refusent à adopter une telle stratégie.
« Si quelqu’un doit prendre des risques, c’est l’assureur, pas l’assuré », a estimé Jean-Luc de Boissieu, le secrétaire général du Groupement des entreprises mutuelles d’assurance (Gema) lors de la conférence de presse annuelle de l’association professionnelle qui réunit les principales mutuelles d’assurance (Macif, Maaf, GMF, Matmut…) , organisée le 27 février. Contrairement au fonds en euros où le capital est garanti par l’assureur, les détenteurs d’UC en sont de leur poche en cas de moins-values. C’est d’ailleurs pour cette raison que les assureurs ont moins besoin de provisionner pour les UC.
Pressions gouvernementales
Les réticences du Gema pourraient toutefois évoluer. D’abord parce que les UC, avec le redressement des marchés financiers, offrent de meilleurs rendements que les fonds euros gorgés d’emprunts d’Etat au taux d’intérêt anémique, avec des titres d’État français OAT à 10 ans émis à 2,25% en janvier 2013. Ensuite parce que le gouvernement fait actuellement pression sur les assureurs vie pour les inciter à davantage financer l’économie.
Les députés (PS) Karine Berger et Dominique Lefebvre pourraient préconiser dans leur rapport sur l’épargne qu’ils devraient prochainement remettre à Bercy des mesures pour favoriser la détention d’actions dans le cadre des contrats d’assurance vie. Les représentants du Gema, qui ont rencontré les deux députés, ont compris que la messe était dite.
Lisser les moins-values
Problème, « nos sociétaires nous demandent de gérer leur épargne prudemment », a souligné Jean-Luc de Boissieu. Les clients des assureurs vie mutualistes n’ont en effet pas le profil de spéculateurs. « Le montant moyen des contrats de nos sociétaires s’élèvent à 21.000 euros, c’est-à-dire moins que le plafond du Livret A », a rappelé Jean-Luc de Boissieu. Selon lui, « on ne peut pas mettre en risque l’épargne populaire ».
D’où l’idée du Gema d’instaurer l’obligation pour les assureurs vie de se doter d’une réserve où une partie des plus-values des actions seraient placées pour contrebalancer les moins-values futures. Ainsi, ce sont les assureurs qui prendraient en charge le risque et non les assurés. Ce système existe déjà en Allemagne. Mieux : ces « superplus funds » seraient, d’après Jean-Luc de Boissieu, totalement compatibles avec les règles prudentielles et ne nécessiteraient pas de changer le code des assurances.