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Tiers-payant : consultations chez les médecins sans avance de frais d’ici 2017

La ministre des Affaires sociales Marisol Touraine a annoncé une généralisation du tiers payant à la médecine de ville. Les médecins sont vent debout contre cette réforme, la dispense d’avance de frais devant s’appliquer à des patients qui n’en ont pas besoin.

Tiers-payant universel, mesure-phare de la loi santé

Consulter un médecin généraliste ou spécialiste en ville sans avancer d’argent… Telle est la mesure phare de la loi de santé dont la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine a présenté les grandes orientations jeudi 19 juin 2014 devant les professionnels à Paris. « D’ici 2017, le tiers payant sera étendu à tous les assurés », a annoncé la numéro sept du gouvernement Valls (voir vidéo ci-dessous : à partir de 19’50). Conséquence, le patient n’aura plus à régler la note à l’issue d’une consultation, quels que soient son niveau de revenus et l’étendue de sa couverture santé. Pour l’heure, il faut attendre plusieurs jours pour se faire rembourser les frais avancés par la Sécurité sociale (5 jours en moyenne) et le cas échéant par une mutuelle complémentaire.

Dispense d’avance de frais étendue par étapes

Cette généralisation va prendre plusieurs années. Une première étape est prévue en 2014 pour les personnes qui n’ont pas les moyens de se payer une mutuelle. « Dès l’an prochain, les bénéficiaires de l’aide à la complémentaire santé (ACS) seront ainsi dispensés d’avance de frais », a déclaré la ministre.

Actuellement, le système du tiers payant s’applique déjà en pharmacie lors de la délivrance des médicaments. C’est moins connu mais il existe aussi dans la médecine : il y a une quinzaine de cas de dispense d’avance de frais prévus par la réglementation et 35% des actes de médecine de ville bénéficient déjà du tiers payant, selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) remis en juillet 2013… à la demande du gouvernement. L’annonce d’une généralisation est donc tout sauf une surprise : le 23 septembre 2013, Marisol Touraine avait déjà pris l’engagement de généraliser le tiers payant.

Tiers payant déjà en vigueur pour les patients qui en ont besoin

Une possibilité qui ne plaît guère aux médecins. Les syndicats de praticiens s’opposent unanimement à cette réforme. Première critique, la dispense d’avance de frais s’applique déjà aux personnes qui en éprouvent la nécessité. « Les médecins sont d’accord pour pratiquer le tiers payant aux personnes qui en ont besoin. On le fait déjà pour la CMU (couverture maladie universelle, NDLR), pour les aides médicales d’Etat », remarque Jean-Paul Hamon, médecin généraliste et président de la Fédération des médecins de France (FMF) à l’antenne de RTL. « Le tiers payant social existe déjà et concerne les personnes en situation précaire (AME, CMU, ACS), les patients victimes d’un accident de travail et ceux en ALD (affection de longue durée, NDLR) pris en charge à 100 % », atteste l’UNOF-CSMF, premier syndicat de médecins généralistes libéraux.

Pour les praticiens, la disposition annoncée par la ministre consiste ni plus ni moins à « généraliser le tiers payant à des personnes qui n’en ont pas besoin », déplore Jean-Paul Hamon. En pratique, les professionnels de santé affirment en outre faire preuve de mansuétude à l’égard de leurs patients en difficulté qui ne respectent pas les cas légaux de dispense d’avance de frais. « Les médecins généralistes font preuve de discernement. Soit ils accordent le tiers payant à ceux ne rentrant pas dans ces critères, mais en difficulté économique ou bien ils leur consentent des facilités de paiement, notamment en repoussant l’encaissement des chèques », revendique l’UNOF-CSMF.

Jean-Paul Hamon : “On demande aux médecins de… par rtl-fr

Le coût de la santé perdu de vue ?

Les médecins craignent également une déresponsabilisation des malades. Leur raisonnement : sans avance de frais à leur docteur, les Français risquent de perdre de vue ce que coûte la santé à l’heure où le gouvernement s’attaque à la limitation des dépenses publiques en général et de la Sécurité sociale en particulier. C’est ce que souligne la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). « Le risque de transformer la carte vitale en carte de paiement est non seulement de déresponsabiliser les patients au regard du coût de leur santé, mais surtout de déprécier les actes médicaux devenus virtuellement gratuits », fustige cette organisation.

Les praticiens agitent enfin le spectre d’un surcoût administratif lié à la généralisation du tiers payant qu’ils vont devoir assumer. Un coût chiffré à 3,50 euros par acte par la Fédération des centres de santé mutualistes, que le gouvernement n’a pas prévu de compenser, d’après les syndicats. « La généralisation du tiers payant revient à imposer une baisse tarifaire totalement inacceptable, alors que d’autres solutions, souples et modernes, comme la carte de paiement à débit différé santé, pourraient être développées », propose la CSMF.

La présentation du projet de loi en conseil des ministres est prévue en septembre 2014, pour un examen à l’Assemblée nationale début 2015.

 


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Les salariés attachés à leur mutuelle santé d’entreprise

Selon une étude menée par YouGov pour Mercer, un tiers des salariés du privé interrogés ont renoncé à se soigner faute de moyens. Mais ils demeurent attachés à leur complémentaire santé d’entreprise, préférant la contribution de leur employeur à une hausse de salaire.

assurance et gens

Les Français sont attachés à leur complémentaire santé, mais à quel prix ? Selon l’Observatoire de la Santé réalisé par YouGov pour le cabinet de conseils en ressources humaines et protection sociale Mercer publié le 28 mai 2014, 32% des salariés du privé sondés ont renoncé à des soins pour des raisons financières ces 12 derniers mois. Les salariés qui ne profitent pas d’une complémentaire santé d’entreprise (37%) sont les plus exposés. Mais même couverts par une complémentaire santé entreprise, 28% des sondés s’abstiennent de soins. Dans le détail, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à renoncer aux soins faute d’argent (37% contre 27%).

La complémentaire plutôt qu’une hausse de salaire

« Plus largement, le renoncement aux soins a de loin dépassé la question de la précarité puisque des salariés de différentes catégories socio-professionnelles ont déjà dû renoncer à des soins », précise le directeur du département Mes solutions chez Mercer, Vincent Harel. Pour preuve, 27% des cadres sont affectés.

Bien que leur budget leur fasse parfois défaut, les interrogés restent toutefois attachés à leur mutuelle santé : 57% bénéficient d’une complémentaire santé d’entreprise. Parmi les critères de choix, les garanties offertes (67%) et le montant de la cotisation (66%) demeurent primordiaux pour les assurés. Et ce malgré la décision de l’exécutif d’imposer les contributions versées par l’employeur depuis le 1er janvier 2013.

Et plus encore, à hausse de salaire équivalente, 6 Français sur 10 préfèreraient garder la contribution de leur employeur à leur mutuelle, si un tel choix se présentait à eux. Mais si leur employeur venait à baisser sa contribution, 61% des sondés choisiraient une hausse de salaire et 25% des alternatives de financement sur le long terme, à savoir une participation au programme d’épargne salariale ou un versement dans un plan de retraite.

Vers une augmentation des surcomplémentaires ?

Justement, la généralisation de la mutuelle santé entreprise à tous les salariés d’ici le 1er janvier 2016 pourrait entraîner une diminution de la participation patronale ou des garanties apportées. Face à cette mesure, les entreprises pourraient choisir le « panier de soins » (garanties minimales) prévu dans la loi. Le gouvernement a aussi mis sur la table un projet de plafonnement des remboursements des frais d’optique afin de faire jouer la concurrence et de faire baisser les prix. Ce qui n’est pas du goût de tous les interrogés : 57% estiment insuffisants les montants des remboursements optiques sur les niveaux envisagés par l’exécutif (100 euros pour une monture, de 350 à 600 euros pour les verres).

« Face au désengagement de l’Etat, les Français ne sont pas prêts à sacrifier la qualité des garanties, qui reste leur premier critère de choix, au profit du prix », explique Vincent Harel. Quitte à souscrire une surcomplémentaire adaptée à leurs besoins (frais d’optique, dentaires…) pour être correctement couverts si les remboursements de la mutuelle viendraient à diminuer, pour 40% des sondés.

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La CMU-C étendue aux étudiants isolés

Le gouvernement tend la main aux étudiants précaires. La couverture maladie mutuelle universelle complémentaire (CMU-C) a été étendue aux moins de 25 ans « en situation d’isolement ou de rupture familiale ». Votée en 2013, la mesure, intégrée dans la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2014 a été mise en place par un décret publié au Journal officiel du mardi 3 juin 2014.

Jusqu’ici, la CMU-C n’était accordée qu’aux étudiants dépendant du foyer fiscal de leurs parents, si celui-ci se situe en-dessous d’un certain plafond de ressources. La couverture ne prenait donc pas en compte ceux qui étaient séparés de leur famille qui elle se trouvait au-dessus du plafond de revenus. Cette complémentaire santé gratuite est désormais accessible à titre individuel pour les étudiants bénéficiaires du fonds national d’aide d’urgence (FNAU), « sans tenir compte de la situation de leurs parents ».

« 2.600 étudiants devraient pouvoir bénéficier de la CMU-C grâce à cette mesure. », selon un communiqué du ministère des Affaires sociales.

 


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