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« On va avoir du mal à se passer de l’assurance dépendance »

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INTERVIEW – Corine Monteil, directrice générale du courtier grossiste NousAssurons.com, estime que le label garantie assurance dépendance (GAD), lancé le 22 mai 2013 par la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA), va booster ce marché balbutiant.

Toutsurlassurance.com : Que pensez-vous du label GAD ?
Corine Monteil : Je pense que c’est une très bonne chose. Cela va rassurer les assurés et donner une meilleure lecture des assurances dépendance. Longtemps, les assureurs n’ont pas bien expliqué les garanties contre la perte d’autonomie à leurs différents réseaux de distribution que ce soient leurs commerciaux salariés, leurs agents généraux ou leurs courtiers en assurances et conseillers en gestion de patrimoine indépendants partenaires. Du coup, ces derniers se sont mal appropriés le produit et n’ont donc pas su le vendre. En lançant un label, les assureurs s’engagent, montrent qu’ils croient au potentiel de développement de l’assurance dépendance.

L’UFC-Que Choisir est pourtant très critique vis-à-vis de ce label…
J’avoue ne pas comprendre l’attitude de l’UFC-Que choisir. Bien sûr que ce label aurait pu aller plus loin, mais il faut le voir comme une première étape. A ce titre, je trouve judicieux d’avoir défini le niveau de dépendance par rapport aux cinq actes de la vie quotidienne (se lever, se déplacer, se laver, s’habiller, se nourrir, NDLR) et non par rapport à la grille GIR (groupes iso-ressources, NDLR) utilisée par les pouvoirs publics mais totalement incompréhensible pour les particuliers. Par ailleurs, je pense que le principe du viager constitue la réelle innovation du label. Donner la possibilité aux assurés de maintenir leurs droits acquis même s’ils ne cotisent plus va permettre de combattre la mauvaise image de « produits à fonds perdus » qui colle à l’assurance dépendance.

Estimez-vous que le label GAD puisse réveiller le marché de l’assurance dépendance ?

Oui et d’ailleurs, je crois beaucoup au développement de l’assurance dépendance. Je pense même que l’on va avoir du mal à s’en passer. Les gens prennent conscience que ce sont les conseils généraux qui financent l’APA (allocation personnalisée d’autonomie, NDLR) et que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Le montant de l’APA dépend de la richesse ou du choix politique du département d’investir ou non dans la perte d’autonomie. Face à cette inconnue, les particuliers vont de plus en plus se tourner vers les assurances privées. D’autant plus volontiers que les assureurs « marketent » de mieux en mieux leur offre et n’hésitent pas à innover en la matière, en proposant par exemple des services de soutien aux aidants. La création du label va dans le bon sens et ne peut que favoriser ce mouvement.

Que pensez-vous de la possibilité de résilier à tout moment ses contrats auto et habitation proposée dans le projet de loi sur la Consommation ?
Ce qui me dérange, c’est que l’on transforme les contrats d’assurances en produits de grande consommation que l’on peut prendre et jeter n’importe quand. Je rappelle que l’assurance automobile est obligatoire depuis 1985 et qu’il existe déjà une partie des automobilistes qui par imprudence, manque de moyens financiers ou parce qu’ils ont subi trop de sinistres, ne sont pas assurés. Je crains que la résiliation à tout moment ne fasse qu’amplifier ce phénomène. Le marché va devenir de plus en plus volatil et de moins en moins structuré. Les actuaires vont avoir du mal à tarifer. Les compagnies vont être tentées de segmenter encore plus. Résultat, certains assureurs vont pousser leurs mauvais clients présentant les plus gros risques à résilier leur contrat pour nettoyer leur portefeuille. Mais comme les concurrents vont faire pareil, l’automobiliste ne va plus pouvoir s’assurer ou alors à des prix prohibitifs proposés par de nouveaux acteurs qui vont se positionner sur des niches. Au final, il y aura davantage d’automobilistes qui vont rouler sans assurance et le niveau global des prix va augmenter.

En l’absence de « mutuelle » d’entreprise, les salariés vont pouvoir bénéficier d’une complémentaire santé négociée au niveau de leur branche professionnelle. Est-ce la fin de l’assurance santé individuelle ?
Non, puisqu’il existe plusieurs catégories de la population qui ne sont pas concernées par cette mesure qui fait partie de la loi sur la sécurisation de l’emploi, largement inspirée par l’accord national interprofessionnel (ANI) du 11 janvier 2013. Les travailleurs non-salariés, comme les artisans, les commerçants, les professions libérales, mais aussi les étudiants et les retraités vont devoir continuer à souscrire à une complémentaire santé individuelle. Par ailleurs, le marché des surcomplémentaires risque de se développer. La plupart des complémentaires santé négociées dans le cadre de l’ANI vont en effet prévoir des garanties minimum. Pour avoir accès à une meilleure couverture, certains salariés vont être amenés à souscrire une surcomplémentaire santé. C’est en tout cas ce qu’espèrent les compagnies d’assurances et surtout les mutuelles santé qui devraient perdre d’importantes parts de marché au profit des institutions de prévoyance qui dominent largement le marché des contrats collectifs.

Le projet de loi de régulation bancaire veut favoriser l’échange d’informations entre les banquiers et les assureurs en vue de développer la délégation d’assurance emprunteur. Est-ce un vœu pieux ?
La loi Lagarde a instauré la possibilité pour un emprunteur de souscrire une assurance crédit différente de celle de son banquier prêteur à condition qu’elle offre les mêmes garanties que celle proposée par son banquier. De nombreuses banques refusent cette « délégation d’assurance » au motif qu’elles ne reçoivent pas les informations demandées aux assureurs. A l’heure où l’on est capable d’envoyer des dossiers médicaux sécurisés par e-mail, j’ai du mal à croire que l’on rencontre des difficultés dans la transmission de renseignements. En établissant un formulaire commun à tous, le projet de loi de régulation bancaire pourrait priver les banquiers d’un bon prétexte pour rejeter la délégation d’assurance. Pour autant, j’ai bien peur que ces derniers n’utilisent d’autres ficelles. Des banques intègrent déjà dans leur assurance emprunteur des garanties « hors normes », comme par exemple une couverture pour le saut en parachute, qui leur permettent de refuser le produit du concurrent qui ne la propose pas. La délégation d’assurance devrait malheureusement demeurer une niche, représentant environ 10% du marché de l’assurance de prêt.

Propos recueillis par Jean-Philippe Dubosc

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Le Crédit Agricole donne un coup de fouet à l’assurance vie solidaire

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La Banque verte lance un contrat multisupport comprenant des unités de compte mais également un fonds en euros investis dans des projets solidaires. Une initiative inédite chez les grands assureurs vie.

Le Crédit Agricole n’a pas inventé l’assurance vie solidaire mais il pourrait bien lui donner un second souffle. Jusqu’ici, ce produit était proposé par de « petits acteurs » de l’assurance vie, comme la Maif ou la Carac. Avec la force de frappe du réseau bancaire et les 35.000 conseillers du Crédit Agricole, ce placement plus que balbutiant (il représente à peine 2% de l’encours de l’assurance vie, selon l’association Finansol) devrait changer d’échelle.

C’est d’ailleurs parce qu’il existait un manque que la Banque verte a décidé d’investir le créneau. « Nous avons de plus en plus de demandes de la part de nos clients sur ce type de produits », explique Bruno Carles, directeur général adjoint de Predica, la filiale assurances de personnes de Crédit Agricole Assurances.

Trois niveaux de solidarité

Et puis, pour un groupe mutualiste dont les valeurs sont « la proximité, l’utilité et la solidarité », c’était la moindre des choses d’encourager au financement de projets de soutien à l’emploi, de réhabilitation de logements ou encore de défense de l’environnement. « Il était de notre devoir, presque de notre responsabilité, de le faire », déclare Jérôme Grivet, directeur général de Crédit Agricole Assurances.

Du coup, le bancassureur a décidé de bien faire les choses. Predica a lancé le 16 mai 2013 un contrat d’assurance vie solidaire plus que complet. Outre sept unités de compte labellisées Finansol, ce multisupport propose un compartiment euro solidaire. Baptisé FCP Finance et solidarité et géré par Amundi (filiale du Crédit Agricole), ce fonds, dont au moins 5% des sommes sont investies dans des investissements solidaires, vient s’adosser au fonds en euros traditionnel du Crédit Agricole.

Une gamme complète de produits

Par ailleurs, 50% des 2% de frais sur les versements sont reversés à une association. Le souscripteur a le choix entre 183 associations membres du programme Tookets, lancé il y a un peu moins de deux ans par le Crédit Agricole Pyrénées Gascogne. A défaut, le don est attribué à l’association Initiative France qui octroie des prêts d’honneur et accompagne des créateurs d’entreprise (le plus souvent demandeurs d’emploi) n’ayant pas accès au crédit bancaire.

Le contrat solidaire de Predica s’inscrit dans la gamme d’épargne solidaire du Crédit Agricole qui comprend la carte bancaire Sociétaire (à chaque retrait, la caisse régionale verse 0,30 euro à un fonds solidaire) et le Livret Sociétaires (un compte sur livret qui permet d’effectuer des dons dans le cadre du programme Tookets). Ces deux derniers produits n’étaient, jusqu’ici, pas proposés par l’ensemble des caisses régionales du groupe.

 


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