– jeudi 24 janvier 2013 19:58
2,90% selon les assureurs, 2,80 à 2,85% selon les actuaires d’Optimind… Le taux de rendement des fonds en euros n’a que faiblement diminué par rapport à 2011 (3%). Les différences entre les contrats ont tendance à se creuser.
La rentabilité des fonds et contrats d’assurance vie en euros a bien résisté en 2012. De 3% en 2011, la rémunération moyenne reversée aux détenteurs est passée dans une fourchette de 2,80 à 2,90% en 2012 selon les différentes estimations. Cyrille Chartier-Kastler, président de Goodvalueformoney et du cabinet Facts & Figures, situe le taux moyen à 2,85%, le cabinet de conseil en actuariat Optimind dans une fourchette de 2,80 et 2,85% et la Fédération Française des Sociétés d’Assurances (FFSA) à 2,90%.
Performance meilleure que celle du Livret A
Pour Jean-François Lequoy, délégué général de la FFSA, ces rendements estimés « sont restés attractifs avec une baisse extrêmement limitée par rapport à 2011 ». Ce représentant des assureurs estime que la performance affichée l’an passé permet à l’assurance vie de « surclasser tous les autres placements » courants des Français. Selon un comparatif dressé par la FFSA sur la base de rémunérations moyennes annuelles, l’assurance vie en euros devance le livret d’épargne populaire (LEP, 2,75%), le plan d’épargne logement (PEL, 2,50%), les livrets A et LDD (2,25%), le compte-épargne logement (CEL, 1,50%), ainsi que les comptes à terme et livrets soumis à l’impôt (0,6%).
Limite de l’exercice, cette comparaison est présentée brute de fiscalité et de prélèvements sociaux. Mais la FFSA a elle-même rappelé que l’alourdissement de la fiscalité de l’assurance entre 2009 et 2012 a impacté les assurés vie pour un taux équivalent à 0,8 point de rendement sur la période.
La sécurité avant tout
Les compagnies ont d’ailleurs pris acte de cette moindre attractivité du fonds en euros. Si 77% des assureurs vie interrogés par le cabinet d’actuariat et de conseil Optimind Winter, se déclarent confiants en l’avenir du produit, 76% s’attendent à une baisse continue des rendements. « Les Français ont intégré le fait que les fonds euros n’étaient plus forcément performants. Ils recherchent avant tout dans ces produits de la sécurité et les assureurs l’ont compris », analyse Corinne Jehl, actuaire consultante chez Optimind Winter.
Ces derniers ont ainsi plus que jamais alimenté leur provision pour participation aux excédents (PPE). Il s’agit d’une réserve où ils placent une partie des plus-values réalisées sur leurs placements et dans laquelle ils peuvent puiser pour lisser le rendement de leurs fonds euros. Peu d’acteurs ont eu recours l’année dernière à cette pratique, par ailleurs totalement légale. Toujours Optimind, seulement 18% pensent utiliser leur PPE pour booster leur taux 2012 alors que 39% l’ont fait pour les taux 2011. « Les assureurs vie veulent rassurer leurs clients. Prédica, la filiale du Crédit Agricole, a communiqué sur le fait qu’elle avait doté sa PPE », remarque Corinne Jehl. Avec des taux d’intérêt sur les emprunts d’Etat anémiques – l’OAT 10 ans a touché un plus bas historique de 1,96% le 10 décembre 2012 – et en refusant de puiser dans la PPE, les compagnies et mutuelles ne peuvent pas faire de miracle.
Des taux 2012 contrastés
Sur les 191 produits dont le rendement a été pour l’heure communiqué (soit 30% du marché), 95% ont vu leur performance baisser. Le recul se situe en moyenne à 0,15 point mais peut atteindre jusqu’à 0,40 point. Seuls 16 contrats affichent une hausse de leur taux. Le multisupport RES de la MACSF gagne 10 centimes à 3,50% en 2012. Mieux : la Carac a réussi à augmenter de 25 centimes son produit Perspectives Perp (3,40% en 2012). Mais la palme, selon Optimind, revient à la Matmut qui voit les rendements de tous ses contrats progresser de 20 centimes (Matmut Vie Epargne à 3,40% en 2012 et Matmut Vie Générations à 3,15% en 2012).
« Il y a encore de très bons taux, constate Corinne Jehl. En 2012, c’est la prime de risques qui a payé ». Certains assureurs n’ont pas hésité à diversifier leurs actifs vers les obligations émises par des entreprises (« obligations corporate »), voire de l’immobilier. C’est notamment le cas d’Aviva qui a diversifié les investissement du fonds garanti en euros de l’Afer… hors d’Europe, sur de la dette émergente et des obligations américaines à haut rendement (> lire l’article Afer : le taux 2012 du fonds garanti en euros en hausse à 3,45%), ou de Suravenir, qui incorpore de l’immobilier dans son actif en euros.