– mardi 3 février 2015 19:14
Le bilan de l’année 2014 de la FFSA, faisant état d’une hausse préoccupante de certains sinistres, laissent présager une hausse conséquente des tarifs en assurance auto et habitation dans les prochains mois. Pourtant, la Loi Hamon pourrait contenir ce phénomène. Explications.
Les chiffres n’invitent pas à l’optimisme. Selon le bilan 2014/2015 de l’assurance de la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA), deux tendances inquiètent : la hausse des accidents corporels (+1,7% par rapport à 2013) et celle des indemnisations après des évènements climatiques (2,2 milliards d’euros en 2014, contre 1,5 milliard en moyenne sur 20 ans). Ces chiffres sont particulièrement préoccupants car ils peuvent inciter directement les assureurs à augmenter leurs tarifs.
Comme on pouvait le prévoir depuis le mois d’octobre dernier, 2014 est une « année de rupture » selon Bernard Spitz, président de la FFSA, car c’est la « première année de hausse des dommages corporels depuis dix-neuf ans ». Cette augmentation est à mettre sur le dos du climat, particulièrement doux l’an passé, qui a encouragé les automobilistes et surtout les conducteurs de deux-roues à davantage sortir leur véhicule. Or comme le rappelle Bernard Spitz, « les deux-roues concentrent plus d’accidents corporels, ils représentent 10% du parc mais 25% des morts sur la route ».
Des sinistres très coûteux pour les assureurs
Cette hausse des dommages corporels, même contenue à 1,7%, pourrait pousser les assureurs à augmenter leurs primes pour préserver leurs marges. En effet, les accidents avec dégâts corporels sont bien plus coûteux pour les assureurs que les accidents avec dégâts matériels. Ces derniers sont d’ailleurs en baisse de 3% en 2014.
La FFSA évoque dans son bilan le ratio combiné, différence entre ce que paye l’assureur (sinistres, dotations aux provisions et frais) et ce que paye l’assuré (cotisations), en forte hausse pour l’assurance auto. « Un déséquilibre qui pèse dans les comptes des assureurs », rappelle Stéphane Pénet, directeur assurance dommages de la FFSA. « Si cette tendance se poursuit sur le long terme, les tarifs vont devoir s’ajuster », ajoute-t-il. Reste à savoir quand cet ajustement se produira.
Parallèlement, le secteur de l’assurance habitation est touché par une hausse significative des indemnisations liées aux évènements climatiques en 2014. Passant de 1,8 milliard en 2013 à 2,2 milliards en 2014, ces indemnisations pourraient également pousser les assureurs à revoir leurs tarifs d’assurance habitation à la hausse. Là aussi, cette tendance est contrastée par une baisse, celle du nombre de cambriolages (-6%), qui passe de 246.200 en 2013 à 232.500 en 2014.
La Loi Hamon pourrait contenir la hausse des primes
Les assureurs ont historiquement justifié leurs hausses des tarifs en se basant sur l’augmentation de la sinistralité et les deux tendances évoquées précédemment pourraient donc laisser croire à une augmentation conséquente des cotisations pour les assurés. Pourtant, les tarifs pour 2015 annoncés jusqu’ici font état de hausses plutôt mesurées, voire même d’une stagnation, surtout chez les assureurs mutualistes. La Maaf et la Matmut ont gelé leurs tarifs en assurance auto en 2015 alors que la Macif les a légèrement augmentés (+0,4%). Seule la Maif a annoncé une hausse importante (+4%) des cotisations pour son contrat d’assurance habitation RAQVAM. Les pronostics du comparateur Assurland et du cabinet Facts & Figures portent sur une hausse des tarifs inférieure à 2% pour les marchés de l’assurance auto et habitation.
La mise en place depuis le 1er janvier 2015 de la libre résiliation des contrats d’assurance auto et multirisques habitation au bout d’un an pourrait contenir la hausse des primes. Les assurés sont désormais libres de résilier leur contrat à tout moment après un an alors qu’ils devaient auparavant opérer dans les deux mois précédant chaque date anniversaire du contrat. L’objectif de cette mesure instaurée par la Loi Hamon est de renforcer la concurrence dans le secteur de l’assurance. Dans cette optique, les démarches de résiliation ont également été simplifiées.
Pour Stanislas Di Vittorio, fondateur d’Assurland, dans ce contexte plus concurrentiel, « les assureurs ont intérêt à être le plus compétitif possible ». Ils pourraient donc « prendre sur eux le coût de la hausse de la sinistralité ».
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