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Assurance vie : l’embellie de la collecte s’amoindrit

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Les versements dans les contrats d’assurance vie ont été supérieurs de 600 millions d’euros aux rachats en mars 2013, selon les derniers chiffres publiés. Un résultat en retrait par rapport à janvier et à février derniers.

Les versements sur les contrats d’assurance vie ont encore une fois dépassé les retraits en mars dernier, mais dans une proportion moindre qu’en janvier et en février. La collecte a été positive de « seulement » 600 millions d’euros le mois dernier, selon les dernières données publiées le 25 avril 2013 par la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA) et le Groupement des entreprises mutuelles d’assurance (Gema).
En comparaison, les cotisations avaient été supérieures aux prestations de 3,8 milliards d’euros en janvier et de 2,3 milliards d’euros en février. Ces collectes nettes positives avaient été particulièrement bien été accueillies à l’époque par les assureurs vie, non seulement par leur ampleur mais surtout parce qu’elles contrastaient avec l’année 2012, marquée par une décollecte historique de 3,4 milliards d’euros.

Capacité d’épargne limitée

La moindre performance de mars était attendue par les observateurs du marché. La prise de conscience des épargnants que la fiscalité du placement préféré des Français n’avait pas été, contrairement aux inquiétudes, alourdie dans le Budget 2013 et se révélait plus que jamais intéressante, s’est émoussée. Surtout, la capacité d’épargne de la population s’amoindrit alors que, pour la première fois depuis 1984, le pouvoir d’achat baisse sous l’effet de l’augmentation de la pression fiscale.
Compte tenu de l’environnement économique morose, les Français continuent de plébisciter l’épargne de précaution. Les dépôts sur les Livrets A et les Livrets de développement durable (LDD) ont ainsi progressé, passant de 2,35 milliards d’euros en février à 2,79 milliards d’euros en mars, d’après les derniers chiffres diffusés le 23 avril 2013 par la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Depuis le début de l’année, les deux livrets réglementés ont collecté pas moins de 16,05 milliards d’euros.

Signes encourageants

Preuve de la volonté des ménages de privilégier une épargne de secours en cas de coups durs, c’est davantage une baisse des versements qu’une hausse des retraits (rachats totaux, partiels, décès) qui explique la faible collecte en assurance vie du mois dernier. Les cotisations sont en effet passées de 10,7 milliards d’euros en février à 9,8 milliards, tandis que les prestations ont retrouvé leur niveau de janvier, à 9,2 milliards d’euros.
Certains signes sont toutefois encourageants pour l’assurance vie. Compte tenu de la baisse de l’inflation, le taux de rémunération du Livret A pourrait tomber au 1er août prochain à 1,50%, voire à 1,25%, contre 1,75% actuellement. Par ailleurs, l’immobilier, la « valeur refuge » par excellence qui avait en partie expliqué la décollecte de 2012, s’essouffle. La demande de logements neufs a encore plongé, selon l’enquête trimestrielle de conjoncture dans la promotion immobilière de l’Insee, parue ce 25 avril.

Sur le même thème, consultez l’article : Les gros contrats d’assurance vie montrés du doigt

 


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Assurance vie : « Taxer à l’IR les versements de moins de 4 ans, une révolution »

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David Charlet, président de l’Association nationale des conseils financiers (Anacofi), juge le rapport Berger-Lefebre sur l’épargne financière timoré dans l’ensemble. Tout en pointant des propositions de changements majeurs pour les détenteurs de contrats d’assurance vie.

Toutsurlassurancevie.com : Quel est votre avis sur le rapport Berger-Lefebvre ?
David Charlet : Il s’agit d’un bon diagnostic qui ne comporte pas de surprise. C’est un rapport qui se veut consensuel : sur la forme comme sur le fond, sa rédaction montre que les deux rapporteurs ont cherché à arrondir les angles. Il traite le problème du financement de l’économie et des PME via l’épargne « à la française » : au lieu de construire un nouvel outil, il est suggéré de travailler sur les solutions existantes, au sein desquelles il est proposé de réallouer des masses de capitaux. Je fais en particulier référence à l’assurance vie. Et on ne nous dit pas précisément comment ces transferts d’épargne vont être mis en œuvre pour faire profiter de cet argent aux PME-TPE. Or l’intitulé du rapport est « Dynamiser l’épargne financière des ménages pour financer l’investissement et la compétitivité ».

En quoi l’absence de propositions portant sur la construction de nouvelles solutions d’épargne est-elle gênante pour vous ?
La pratique quotidienne de nos métiers, essentiellement de conseil en gestion de patrimoine (CGP), en investissements financiers (CIF), de courtiers en assurance-vie ou en produits bancaires, démontre qu’il nous manque des solutions sur le marché pour tout un tas de besoins exprimés par les clients. De ce point de vue, je pense que le rapport aurait gagné à se montrer plus ambitieux dans ses propositions.

En pratique, quelles propositions sur l’assurance vie ont retenu votre attention ?
Il fallait s’attendre à ce que le rapport s’intéresse à la durée du placement pour déterminer la fiscalité applicable en cas de rachat et non plus la durée de détention du contrat comme c’est le cas actuellement. Cette idée a bel et bien été abordée de la façon suivante : « il pourra être envisagé que les produits issus de versements de moins de 4 ans soient systématiquement imposés au barème de l’impôt sur le revenu. » Le rapport énonce ainsi clairement qu’en cas de rachat, la part de produits d’un placement au sein d’une assurance vie, qu’il s’agisse de la participation aux bénéfices d’un fonds en euros ou d’une plus-value sur un support en unités de compte, n’a pas à être exonérée d’impôt sur le revenu dans les quatre premières années suivant la date du versement. C’est une révolution totale : il s’agit d’un retour à un système de calcul qui avait été abandonné il y a plus de vingt ans.

Dans quelle mesure la gestion des contrats d’assurance vie serait modifiée, en cas d’inclusion de cette disposition dans la prochaine loi de finances ?
Comprenez bien, on ne raisonnerait plus selon l’âge du contrat mais selon la durée de placement des capitaux versés. Concrètement, un contrat qui aurait 12 ans d’âge et ferait l’objet d’un versement un an avant un rachat partiel ou un rachat programmé devra faire l’objet d’une comptabilisation prorata temporis (en fonction du temps écoulé, NDLR) pour calculer la fiscalité applicable à ce rachat. C’est un moyen de rallonger la durée effective des placements des Français au travers de l’assurance vie.

Karine Berger et Dominique Lefebvre proposent également de supprimer le bénéfice du régime fiscal actuel pour les contrats investis uniquement en fonds en euros, au-delà de 500.000 euros d’encours. Qu’en pensez-vous ?
Cette disposition risque de poser quelques problèmes. Ces contrats sont souvent détenus par des personnes âgées de 70 ans ou plus. Il n’est pas certains que ces personnes aient envie de prendre des risques. On oublie également qu’il faudra modifier la loi de sorte qu’un conseiller ne soit pas en risque d’être sanctionné pour faute professionnelle lorsqu’il aura proposé à son client âgé de 75 ans de maintenir un pourcentage de détention d’actions significatif dans l’allocation de son contrat d’assurance vie.

A lire sur le thème de la réforme de l’assurance vie :
VIDEO – Interview de Marc Fiorentino : « Prendre date pour une assurance vie, une niche fiscale à supprimer »

 


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Assurance vie : les « gros contrats » montrés du doigt

Le rapport Berger-Lefebvre propose de supprimer les avantages fiscaux des fonds euros de plus de 500.000 euros

VIDEO – « Prendre date pour une assurance vie, une niche fiscale à supprimer »

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Pour Marc Fiorentino, associé chez MonFinancier.com, les propositions du rapport Berger-Lefebvre sont trop coercitives à l’égard des épargnants. Le chroniqueur de BFM Business est tout de même favorable à la remise en cause de l’antériorité fiscale liée à la date d’ouverture.

Toutsurlassurancevie.com : Que pensez-vous du rapport des députés Karine Berger et Dominique Lefebvre sur l’épargne longue ?
Marc Fiorentino : On a accouché d’une souris. C’est un rapport complètement inutile, un rapport pour rien comme des milliers de rapports qui n’ont servi à rien. Pire, il aborde le sujet de l’épargne d’un point de vue négatif : au lieu de donner des incitations, des signaux positifs pour faire en sorte que l’épargne longue serve au financement de l’économie réelle et des PME, ce rapport s’inscrit dans la sanction. Je fais notamment référence aux contrats d’assurance vie de plus de 500.000 euros : il est proposé de conditionner le maintien du régime fiscal au-delà de ce seuil au transfert de l’épargne soit dans des supports en unités de compte (UC) soit dans un nouveau genre de contrat, nommé « Euro-Croissance ».

La création des contrats dits « Euro-Croissance » suggérée par les deux députés rapporteurs sont-ils une bonne idée ?
Le contrat Euro-Croissance est une proposition bidon comme bien d’autres avant elle : le contrat DSK et le contrat NSK lancés il y a quelques années n’ont pas rencontré le succès escompté et n’ont servi à rien. Si on dit à l’épargnant : « On va bloquer votre argent pendant 8 ans en contrepartie d’une garantie de votre capital », il ne va pas accepter. Ce contrat n’est en adéquation ni avec ce que demandent les Français en matière d’épargne, ni avec les besoins d’orientation de cette épargne vers le financement de l’économie dans la mesure où le rapport conforte la décision du relèvement du plafond du Livret A.

Le rapport propose également de prendre en compte la date de versement sur un contrat d’assurance vie pour calculer la fiscalité en cas de rachat, et non plus la date d’ouverture. L’un des principaux avantages de l’assurance vie est-il menacé ?
Ce sujet est fondamental et devrait faire parler de lui. Au risque de choquer plus d’un détenteur d’assurance vie, j’estime que cette mesure ne me paraît pas aberrante. Je suis assez réservé sur le principe selon lequel il faut prendre date en ouvrant une assurance vie, ne pas l’abonder ou peu pendant 8 ans avant de verser une somme importante au-delà de 8 ans afin de pouvoir la reprendre ensuite sans fiscalité ou presque. C’est à mon avis une niche fiscale qui n’a plus lieu d’être. Nous verrons bien ce que le législateur décidera.

Propos recueillis par Olivier Brunet et Julien Moro

 


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Assurance vie : les ministres détiennent moins de contrats que la moyenne

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Les déclarations de patrimoine des membres du gouvernement, publiées le 15 avril 2013, se caractérisent par une détention de contrat d’assurance vie moins répandue qu’au sein de la population française. Leurs encours moyen est, en revanche, plus élevé.

Contrairement aux Français, l’assurance vie n’est pas le placement préféré des ministres. Sur les 38 membres de l’équipe de Jean-Marc Ayrault, seulement 20 d’entre eux possèdent au moins un contrat, selon les déclarations sur le patrimoine des ministres diffusées le 15 avril 2013 sur le site de Matignon. Soit à peine plus de la moitié des membres du gouvernement alors que 62% des ménages français détiennent de l’assurance vie, selon l’Insee.
Il n’est pas précisé dans les déclarations si les contrats ont été souscrits par le ministre seul ou de manière conjointe dans le cas des couples mariés (cette possibilité proposée par certaines compagnies présente des avantages en cas de décès d’un des deux conjoints). Quoi qu’il en soit, c’est la ministre chargée des Personnes âgées et de l’Autonomie, Michèle Delaunay, qui détient le plus de contrats déclarés, avec trois contrats totalisant 201.300,19 euros. Avec un seul contrat de 516.349 euros, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, affiche – de loin le plus gros encours. Normal : le locataire du Quai d’Orsay présente également le plus gros patrimoine du gouvernement avec 6 millions d’euros déclarés devant… Michèle Delaunay (4,5 millions d’euros).

Laurent Fabius fait donc partie des détenteurs de « gros » contrats d’assurance vie (plus de 500.000 euros d’encours) pointés du doigt dans le rapport des députés socialistes Karine Berger et Dominique Lefebvre remis le 2 avril dernier au Premier ministre. Les deux élus préconisent de supprimer les avantages fiscaux s’il s’agit de fonds en euros en vue d’inciter les épargnants fortunés à investir dans des placements plus orientés vers le financement des petites et moyennes entreprises (PME) et des entreprises de taille intermédiaire (ETI).
Comme Laurent Fabius n’a pas mentionné (contrairement aux autres ministres) le nom de son contrat, difficile de savoir si le chef de la diplomatie française est concerné par cette mesure (qui pourrait figurer dans le Budget 2014) puisqu’on ne peut savoir s’il a souscrit à un fonds en euros ou à des unités de compte.
Si les ministres sont proportionnellement moins nombreux que les Français à détenir un contrat d’assurance vie, ceux qui en possèdent affichent une prime moyenne plus importante. Alors que l’encours moyen s’élève à un peu de 58.000 euros, celui des édiles de la République dépasse 77.000 euros. Avec, toutefois, de grandes différences puisque les montants vont de 516.349 euros, comme on l’a vu dans le cas de Laurent Fabius, à 239,66 euros pour le contrat détenu par le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls.

Les ministres détenteurs de contrats d’assurance vie

Ministres Montant du contrat (en euros)
Laurent Fabius (Affaires étrangères) 516.349
Michèle Delaunay (Personnes âgées et Autonomie) 201.300
Yamina Benguigui (Francophonie) 192.767
Dominique Bertinotti (Famille) 112.346
Hélène Conway-Mouret (Français de l’étranger) 104.234
Christiane Taubira (Justice) 84.925
Jean-Marc Ayrault (Premier ministre) 69.309
Frédéric Cuvillier (Transports, Mer et Pêche) 49.500
Marie-Arlette Carlotti (Personnes handicapées) 39.979
Guillaume Garot (Agroalimentaire) 36.202
Stéphane Le Foll (Agriculture) 29.000
Alain Vidalies (Relations avec le Parlement) 16.035
Vincent Peillon (Education nationale) 11.000
François Lamy (Ville) 8.202
Pierre Moscovici (Economie et Finances) 7.574
Victorin Lurel (Outre-Mer) 7.500
Najat Vallaud-Belkacem (Droits des femmes) 3.455
Pascal Canfin (Développement) 2.760
George-Laure Pau-Langevin (Réussite éducative) 1.173
Manuel Valls (Intérieur) 239

 


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