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DSI : “La place de l’informatique est centrale” dans une fusion, Michel Baudy, DSI du groupe Humanis

Michel-Baudy-Humanis-DSI-InformatiqueDSI :

A la tête de la direction des systèmes d’information de ce groupe de protection sociale, le décideur est chargé de mener à bien le rapprochement informatique des trois entités historiques réunies au sein du nouveau groupe de protection sociale. Entretien.

Quelle est la place de l’informatique dans un projet de fusion comme celui du rapprochement des entités composant le groupe Humanis ?
Clairement, elle est centrale. Nous devons avancer rapidement, tout en prenant les bonnes décisions. L’objectif est de doter le nouvel ensemble d’une informatique en état de marche et respectant les lignes stratégiques du groupe. En l’occurrence, nous devons définir pour chaque ligne de métier quelle solution choisir pour tout le groupe là où nous avons à chaque fois hérité de trois composants.

Comment avez-vous opéré pour limiter les susceptibilités ?
L’objectif est de retenir un outil qui soit capable de gérer les volumétries propres à chacune de nos lignes métiers. Nous avons la chance par rapport au domaine de la retraite, où tous les groupes convergent vers une application unique, en l’occurrence la plate-forme fédératrice de l’Usine Retraite. Cette situation nous a permis de recentrer nos efforts sur le périmètre concurrentiel de notre système d’information : celui qui est dédié à la gestion de l’assurance de personnes.

Quel outil avez-vous retenu ici ?
Il fallait qualifier les principales solutions en présence. Dans ce genre d’exercice, il est nécessaire de s’appuyer sur des partenaires (cabinet, société de services externes). Leur mission est de procéder à une analyse objective de la situation et de mettre en avant les forces et les faiblesses de chaque outil, au regard de la stratégie d’Humanis. Après cet audit et les résultats proposés, nous statuons. En l’espèce, nous avons retenu l’outil Pléiade qui a la particularité d’avoir été développé sur des technologies évolutives. Néanmoins, il fallait l’adapter aux exigences du nouveau groupe, autrement plus important.

Pourquoi avez-vous opté pour une solution interne à l’heure où l’offre progicielle semble mature ?
A partir du moment où nous avons en interne une solution capable de satisfaire les attentes du groupe, la responsabilité impose que nous la gardions, pour des raisons métiers et économiques. Intégrer une nouvelle solution prend du temps et comporte beaucoup de risques de dérapage. Nous savons ce dont nous disposons en interne. Et une bonne partie de nos équipes est déjà habituée à un tel environnement. Pour autant, des travaux nécessaires peuvent s’imposer. C’est le cas chez nous. Pléiade est enrichie afin de nous permettre d’être armés pour le présent et l’avenir.

Que pensez-vous du Cloud ?
Il peut être une solution économique viable. Mais nous devons avant tout penser à la sécurité de nos données. Dans cette logique, nous travaillons beaucoup avec la Cnil pour nous adapter à ses exigences. Enfin, notre indépendance est un paramètre important. Résultat : toutes nos données métiers, donc critiques, sont hébergées et gérées en interne.


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Rapprochements : l’informatique au cœur des manœuvres

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Parti des compagnies d’assurances forcées d’unir leurs ressources pour optimiser les charges et atteindre une taille critique, le mouvement de fusion des structures d’assurances a atteint la mutualité et les groupes de protection sociale. Au cœur de ces opérations, les synergies informatiques, qui passent par la définition de plates-formes informatiques cibles homogènes, du front-office (portails) au back-office (systèmes de production), en passant par les couches transversales (CRM, décisionnel, reporting). Grand angle sur un phénomène complexe et coûteux qui vise pourtant à rationaliser les charges, à terme.

La pression des tutelles, Agirc Arrco pour les retraites et Mutualité Française pour le monde des mutuelles, y est pour beaucoup. Tout comme Solvabilité 2. L’une et l’autre apparaissent comme des facteurs poussant au regroupement des structures qui balaie le secteur. Un mouvement amorcé depuis plus de deux décennies. Et qui se traduit par la constitution de mastodontes, de véritables poids lourds de gestion soucieux d’harmoniser leurs processus et leurs outils en vue d’engranger des économies d’échelle et d’imposer leur loi sur le marché.

L’attraction de certaines plates-formes

Préalable à cette finalité, la nécessité d’opérer des choix-cibles, surtout en termes de moyens, y compris informatiques. Ceux-ci sont souvent déterminants dans ces opérations avant tout politiques. Comme le reconnaît Eric d’Andigné, directeur général de l’éditeur Elcimaï impliqué dans certaines de ces fusions, “les rapprochements et séparations entre mutuelles et groupes de protection sociale s’accélèrent, certes, au gré des calculs politiques. Pour autant, le réalisme technologique joue parfois également un rôle dans ces synergies. L’analyse des composants informatiques en présence est souvent prise en compte comme préalable à ces mariages de raison, une trop grande hétérogénéité des plates-formes étant synonyme de complexité du fait des incompatibilités logicielles, dans certains cas”. Et d’ajouter : “dans d’autres cas, la qualité d’un système d’information cible peut même conférer à son propriétaire un argument de poids pour attirer de nouveaux membres dans son union de mutuelles. Il semble bien que le choix de certaines mutuelles de rejoindre les groupes leaders (Istya, Harmonie Mutuelles, etc). ait été dicté par la volonté de bénéficier d’une plate-forme mutualiste technologique  d’excellence”.

Un prix à payer pour que union devienne force

Au-delà de cette analyse, les rapprochements imposent une architecture cible à mettre rapidement en place pour engranger des économies d’échelle. En front-office, il s’agit de déployer, par exemple, un portail unique en lieu et place des différents sites web des composantes historiques du nouveau groupe. Une stratégie qui va jusqu’à l’harmonisation des applications mobiles. Sur la couche applicative transversale, le décisionnel et autre reporting doivent également être harmonisés. Enfin, les applications de production, cœur du système d’information doivent converger vers un système unifié par métier (prévoyance, santé, dommages, assurance vie, etc.). A terme, un seul outil par filière doit persister. Tout comme une architecture matérielle commune. Ce n’est qu’à ce prix que l’union fait la force.

Emmanuel Mayega


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