«Si cette directive s’applique en l’état actuel, c’est la fin de l’épargne retraite», estime Paul Le Bihan, le nouveau directeur général de l’UMR.
Corem, le complément retraite mutualiste par points de l’Union mutualiste retraite, risque d’être impacté par la directive Solvabilité 2.
Décidemment, l’UMR traverse une période difficile. Alors qu’elle vient d’annoncer une baisse importante des rentes versées à ses adhérents du régime de retraite fermé R1, l’Union mutualiste s’inquiète aussi de l’avenir de son produit phare, Corem. «La problématique du Corem est plus réglementaire qu’économique», précise Alain Hernandez, président de l’UMR. Qui ajoute : «Pour Corem, nous sommes en effet sur la trajectoire fixée il y a douze ans lors de la mise en place du plan de convergence, sauf que Solvabilité 2 remet tout en cause.»
L’héritier du Cref
Fort de près de 335 000 sociétaires, Corem est, tout comme R1, issu du Complément de retraite de l’Education nationale et de la Fonction publique (Cref). De ce fait, même si ce complément retraite mutualiste par points accueille de nouveaux adhérents, il gère également les anciens cotisants au Cref d’après 1989. Et doit donc faire face, depuis sa création, à un défaut de provisionnement. Pour autant, selon le rapport 2013 de l’UMR, le provisionnement intégral du régime Corem a été atteint fin 2013, selon les paramètres fixés par le plan de convergence en 2002, à savoir les tables d’espérance de vie de 1993 et un taux d’actualisation de ses engagements de 3%.
Des taux trop bas
Des paramètres qui se révèlent aujourd’hui totalement inadaptés. De nouvelles tables de mortalité ont été publiées en 2005 et, plus encore, les taux d’intérêts, qui servent de référence pour le taux d’actualisation des engagements, stagnent à un niveau historiquement bas. Et, par ailleurs, Corem a peu de chances de pouvoir garder ses critères dérogatoires lors du passage sous Solvabilité 2, dont l’ambition est de placer la réalité économique au coeur du dispositif prudentiel.
pas de baisse des rentes
Dans ces conditions, l’Union mutualiste retraite a décidé d’agir dès 2013. Une assemblée générale extraordinaire organisée le 18 novembre prochain, proposera l’entrée en vigeur dès le 1er janvier 2015 de deux mesures qui devaient initialement s’échelonner jusqu’à 2016. L’une tient à la baisse du taux d’escompte du régime, de 2,3% à 1,5%. Et l’autre à l’allongement de l’âge de référence pour obtenir une retraite à taux plein, de 60 à 62 ans. «Pour autant, nous n’avons jamais envisagé de baisser la valeur du point de Corem, donc de baisser les rentes de nos sociétaires», tient à préciser Alain Hernandez.
L’épargne retraite en danger ?
De fait, à l’instar de nombre de professionnels de la retraite, l’UMR considère que le problème de fond tient au caractère totalement inadapté de Solvabilité 2 à cette activité. «Si cette directive s’applique en l’état actuel, c’est la fin de l’épargne retraite. Car demain, quel acteur institutionnel voudra investir dans un produit qui demande autant de provisionnement et de fonds propres ?», s’interroge Paul Le Bihan, le nouveau directeur général de l’UMR. Alors que la transposition de Solva 2 est prévue pour fin mars, l’Union mutualiste tente donc de provoquer une véritable prise de conscience des pouvoirs publics sur la nécessité d’intégrer les spécificités d’une activité retraite dont l’horizon est de très long terme. Mais la marge de manœuvre est étroite et la mobilisation difficile. En France, selon le Conseil d’orientation des retraites (Cor), l’épargne retraite ne représente que 11 Md€ de cotisations, soit plus de dix fois moins que l’assurance vie (144 Md€).
L’Argus de l’Assurance – Acteurs