Cyrille Chartier-Kastler, Facts & Figures.
En dix ans, la rentabilité des assureurs a baissé. Les majorations tarifaires devenant plus délicates à faire passer dans un contexte économique difficile, les opérateurs du marché n’auront d’autres choix que d’optimiser davantage leurs structures de coûts, selon le cabinet d’études Facts & Figures, qui constate, sur ce point, de fortes disparités entre les différents acteurs.
La crise est passée par là. Depuis 2008, les performances en termes de rentabilité des acteurs du secteur de l’assurance se sont détériorées. Ainsi, en assurances dommages, le retour sur fonds propres (ROE) moyen est passé de 14% en 2008 à 6% en 2012. Mais l’étude «Croissance & rentabilité» de Facts & Figures fait état de fortes disparités entre les différentes familles d’acteurs.
A l’exception de Covéa, les mutuelles sans intermédiaire (MSI) et groupes mutualistes affichent des ROE inférieurs à 8%, «des niveaux trop faibles par rapport aux besoins de solvabilité et de sécurisation financière», constate Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet de conseil. De leur côté, les compagnies d’assurance traditionnelles présentent un ROE moyen de 16% (contre 37% en 2008), tandis que cet indicateur se situe à 10% du côté des bancassureurs.
Des coûts de chargement à optimiser
Sur le plan des coûts de chargement (frais d’acquisition et d’administration), Facts & Figures observe là encore de fortes différences entre les familles d’acteurs. En assurance automobile, par exemple, les MSI ont vu leur structure de coûts augmenter de 3,5% par an entre 2002 et 2012, alors que leur chiffre d’affaires a peu progressé (+1,3% en moyenne par an).
Du côté des bancassureurs, «les évolutions de chiffre d’affaires et de frais de chargement sont davantage corrélées», indique Cyrille Chartier-Kastler. Leurs coûts ont augmenté de 7,7% par an, mais leur activité en assurance automobile a progressé de 7,3% sur une base annuelle.
Les agents généraux ont marqué des points mais peuvent faire mieux
De leur côté, les réseaux d’agents généraux ont enregistré un faible développement de leur activité en assurance automobile (+1,1%). Mais leurs frais de chargement ont peu augmenté (+0,7% par an). «Les réseaux d’agents généraux ont réussi à gagner en compétitivité», souligne Cyrille Chartier-Kastler, grâce aux évolutions des modes de rémunération et aux mesures prises par les compagnies pour réduire leur frais généraux.
Dans un contexte où il devient difficile d’appliquer des hausses de tarifs en assurance dommages, «le nerf de la guerre, c’est la tenue des frais de chargement», souligne le président de Facts & Figures. Selon lui, les MSI ont trois points de chargement à récupérer pour revenir à leur niveau de performance historique. Les réseaux d’agents généraux, quant à eux devront gagner encore trois à cinq points s’ils veulent se maintenir sur le marché de l’assurance dommages aux biens des particuliers.
Un défi à leur portée, selon Cyrille Chartier-Kastler. «Cela passera par une intégration plus forte des processus entre les agents et les compagnies et par un développement du multicanal», précise-t-il. Partage de données clients, plate-forme téléphonique intervenant pour le compte des agents… : autant d’initiatives qui émergent et devraient se développer à l’avenir.
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