Les primes d’assurance ont augmenté de 0,5% en auto, 3,9% en habitation et de 2,5% en santé en avril 2016. Alors même que la concurrence a été exacerbée par la loi Hamon qui permet de résilier plus facilement son contrat.
Les assurés vont faire la grimace. Les tarifs des assurances auto, habitation et santé ont une nouvelle fois progressé en avril 2016, selon l’indice du prix des assurances de particuliers (IPAP) dévoilé par le comparateur Assurland.com le 3 mai 2016. Ainsi, contrairement à ce que beaucoup prédisaient, la loi Hamon qui permet la libre résiliation de son contrat au bout d’un an, n’a pas eu d’effet miracle sur les prix.
La hausse des tarifs amorcée en début d’année se confirme ainsi en avril 2016 : par rapport à la même période en 2015, les primes ont progressé de 0,5% en assurance auto, de 3,9% en multirisques habitation (MRH) et de 2,5% pour les complémentaires santé.
Assurland évoque des raisons similaires à celles données en début d’année, à savoir « des années précédentes médiocres en matière de catastrophes naturelles [particulièrement en 2015, Ndlr], même si le début d’année 2016 est plus favorable » ainsi qu’ « une dérive des petits risques qui persiste (dégâts des eaux, vols…) ». Côté santé, les dépenses, bien qu’en diminution, progressent encore plus rapidement que l’inflation, « du fait du vieillissement de la population et de l’amélioration des technologies médicales ». Par ailleurs, la généralisation des complémentaires santé au sein des entreprises du privé au 1er janvier dernier peut également justifier cette hausse. Il n’est en effet pas impossible de penser que les assureurs compensent la perte d’une partie des assurés individuels vers des contrats collectifs d’entreprise en relevant les primes. La faible hausse constatée sur les contrats auto s’explique par « des marges confortables pour les assureurs et la pression de la loi Hamon », selon le comprateur.
En effet, plusieurs études ont montré que la loi consommation avait un impact non négligeable sur les résiliations en auto, à l’image du comparateur AcommeAssure qui avançait que ce motif représentait plus de la moitié des demandes de rupture de contrat. Attention, prévient cependant Assurland, il se pourrait que cette modération tarifaire en auto ne dure pas « au vu du bilan de la sécurité routière très médiocre (+3,3% au premier trimestre 2016) ».
La libre résiliation contient les prix aujourd’hui…
Mais surtout, ces tendances montrent que la loi Hamon n’a pas tiré les prix des assurances vers le bas. La libre résiliation a essentiellement permis de limiter la casse. « La loi Hamon a eu un impact limité en matière de mobilité des portefeuilles, mais elle contribue à la modération tarifaire des assureurs », analyse Assurland. Plus précisément, la loi Hamon joue son rôle premier, à savoir faire grimper la concurrence entre les offres et permettre aux assurés de changer plus facilement de contrat s’ils le souhaitent. Pour rappel, celle-ci offre la possibilité de résilier au bout d’un an son contrat auto ou habitation, sans avoir à attendre la date d’anniversaire du contrat.
Ce constat a été anticipé dès janvier par l’Association française de l’assurance (AFA), soit un an après l’entrée en vigueur de la loi. « Bien qu’il n’y ait pas de rupture de fonctionnement du marché, on observe tout de même une accélération du turnover », avançait-elle le 28 janvier dernier. S’il n’y a pas de rupture, c’est en premier lieu parce que les Français sont encore frileux à l’idée de se lancer dans des démarches administratives.
…mais pourrait les faire augmenter à l’avenir
Quant à « l’effet baisse des prix », l’association, pressentait déjà que l’augmentation des résiliations ne provoquerait probablement pas une diminution des primes. Bien au contraire : « Attention à l’effet d’optique : en réalité, cette mobilité va peser fortement sur le coût d’acquisition des contrats. Les assurés pourraient subir un effet boomerang qui se traduirait par des impacts tarifaires dans les années à venir. » En effet, de même que pour les mutuelles santé, les assureurs pourraient être tentés de reporter sur les tarifs de leurs contrats le manque à gagner occasionné par la hausse des résiliations.
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