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Pour les retraités, la mutuelle santé est loin d’être le premier frein à l’accès aux soins

Très majoritairement, les retraités et seniors sont satisfaits de leur complémentaire santé, tant sur le prix que sur les garanties. Pour ces derniers, les difficultés d’accès aux soins ne proviennent pas principalement des mutuelles, mais du manque de médecins et des délais pour obtenir un rendez-vous. Le point sur les attentes des 60 ans et plus.

Les retraités et seniors sont satisfaits de leur mutuelle santé et pointent d'autres freins à l'accès aux soins.

 

Quelles sont la perception et les attentes des seniors et retraités en matière de santé ? C’est à cette question qu’a souhaité répondre le nouvel observatoire mené par l’institut Ifop pour le cabinet de conseil spécialisé en économie de la santé Jalma. L’étude, publiée le 16 mars 2016, a été menée auprès de 1.001 seniors âgés de 60 et plus ans.

Premier rappel de l’étude, les 60 ans et plus représentent un quart de la population française, et sont à l’origine de 50% des consommations de soins, et dans une même proportion des remboursements opérés par la Sécurité sociale. Malgré ces chiffres, 86% des répondants s’estiment en bonne santé. Mais attention, être en bonne santé pour ces derniers signifie « se maintenir dans un état stable grâce aux médicaments ». Ainsi, 71% des seniors interrogés prennent des médicaments tous les jours dont 42% pour des pathologies multiples. Plus du tiers souffrent par ailleurs de maladie chronique.

La garantie dépendance prend de l’importance

Comme ces besoins en soins ont un coût, sans surprise, 96% des sondés possèdent une complémentaire santé dont ils sont satisfaits à 87% de la qualité de service, à 78% du taux de remboursement et à 72% du rapport qualité / prix. Pour les 4% qui n’ont pas souhaité souscrire une couverture supplémentaire, la moitié estime que cela est trop cher et 20% déclarent simplement qu’ils n’en n’ont pas l’utilité.

Quant au choix du contrat, les 60 ans et plus ont surtout regardé le niveau de couverture (98%), le montant de la cotisation (97%) et les services proposés (93%) bien avant la proximité des agences physiques (54%). Par ailleurs, ces derniers préfèrent se tourner vers les groupes mutualistes (84%), historiquement spécialisés en santé, plutôt que vers les autres compagnies d’assurance. Un point intéressant souligné par l’étude : contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce ne sont les garanties de prévoyance (obsèques, décès, accidents de la vie) que veulent avoir en priorité les seniors, mais des garanties en dépendance et en services de santé-prévention (75% respectivement). Près d’un quart d’entre eux s’avouent « tout à fait intéressés » par une garantie dépendance à l’intérieur de leur contrat complémentaire.

Un accès aux soins qui inquiète

Pourtant, malgré ce taux de couverture élevé, une inquiétude demeure dans l’esprit des seniors. Un tiers d’entre eux juge en effet difficile l’accès aux soins. Pour 55% des sondés, le manque de médecins constitue un des problèmes de notre système de santé, suivi par les délais pour obtenir un rendez-vous (46%), alors que les aspects financiers comme le reste à charge (24%) et les frais engagés (16%) demeurent loin derrière dans leurs préoccupations. « Les seniors pointent l’accès aux soins comme principal problème du système de santé français, loin devant les problèmes financiers », résume l’étude.

Mais dans l’esprit du gouvernement, les principaux freins à l’accès aux soins des 60 ans et plus demeurent financiers, notamment le coût des complémentaires santé qui augmente avec l’âge. C’est pourquoi celui-ci s’est lancé dans la réforme de la généralisation des complémentaires santé pour les seniors et retraités de 65 ans et plus ainsi qu’une évolution de la loi Evin. La première consiste à labelliser des contrats dédiés à cette partie de la population de bon rapport qualité/prix, la seconde à lisser dans le temps le montant des cotisations des mutuelles d’entreprise une fois le salarié parti à la retraite.

>>Pour en savoir plus sur ces deux mesures

 

Des réformes majoritairement approuvées

Pour les principaux concernés, la généralisation de la complémentaire santé va dans le bon sens (73%), de même que le renforcement de la loi Evin (77%). Mais seulement 11% des sondés avouent savoir « précisément » ce qu’implique la première mesure et 70% ne connaissent pas le dispositif Evin.

Fait surprenant, les interrogés identifient davantage les risques qui peuvent découler de la généralisation et que de nombreux professionnels redoutent, à savoir la hausse des cotisations (70%), un choix limité d’offres (58%) et des niveaux de couverture en baisse (57%).

Reste néanmoins que l’avis général en faveur des réformes engagées par le gouvernement demeure intriguant lorsque l’on voit que très majoritairement, les 60 ans et plus se satisfont de leur couverture santé actuelle, pointant plutôt d’autres obstacles à l’accès aux soins.


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Mutuelle santé généralisée : en péril, le régime d’Alsace-Moselle lance une pétition

Les dirigeants du Régime local d’assurance maladie d’Alsace-Moselle ont décidé de lancer une pétition en ligne face au péril que représente la généralisation de la complémentaire santé d’entreprise. Le but : faire valoir leurs propositions auprès du gouvernement afin d’éviter une rupture d’égalité entre assurés.

Le Régime local d'Alsace-Moselle lance une pétition pour faire valoir ses propositions face à la généralisation de la complémentaire santé.

 

Face à la généralisation de la complémentaire santé au sein des entreprises du privé, le Régime local d’assurance maladie Alsace-Moselle a décidé de contre-attaquer. En février dernier, le directeur de ce régime spécifique à cette région de France, Daniel Lorthois, tirait la sonnette d’alarme, pointant du doigt une « rupture d’égalité » entre les 2,1 millions d’assurés d’Alsace-Moselle et les autres : « Le régime local couvre déjà 72% des prestations minimales prévues par la complémentaire santé obligatoire. Les salariés financent seuls ces 72%. Si rien ne change, ces salariés devront supporter en outre la moitié des 28% restants. Ils financeront donc 86%, et les entreprises seulement les 14% restants. »

Instauré à la fin du XIXème siècle par le chancelier Bismarck lorsque l’Allemagne détenait l’Alsace et une partie de la Lorraine, ce régime local possède en effet son fonctionnement propre. Les salariés cotisent seuls au régime, sans aucune aide de leur entreprise. Or, la généralisation des complémentaires santé d’entreprise impose une participation de l’employeur au moins égale à 50% du montant des cotisations. D’où la double pénalisation qui va s’imposer de fait : pour les assurés alsaciens et mosellans qui cotiseront plus (à 86% contre 50%) et pour les autres entreprises sur le reste du territoire qui financeront davantage les mutuelles de leurs salariés (50% au lieu de 14% pour celles d’Alsace-Moselle). « Cette différence de traitement constituera une rupture d’égalité qui entraînera de nombreux contentieux juridiques avec un risque évident de questions prioritaires de constitutionnalité […]. Quelle entreprise hors d’Alsace-Moselle ne voudrait pas voir sa contribution à la complémentaire santé passer de 50% à 14% ? Quel salarié assuré au Régime Local ne voudrait pas voir sa cotisation passer de 86 à 50% », pointe le régime sur son site internet.

Déjà plus de 6.000 signatures

Face à ce constat, le Régime local d’assurance maladie a décidé de contre-attaquer et de lancer une pétition en ligne à destination du président de la République afin d’éviter ce genre de contentieux à l’avenir. Le but est d’appuyer les suggestions du conseil d’administration qui gère le Régime local, synthétisées dans une proposition de loi. La première consiste à ce que les « entreprises financent, comme dans les autres régions, la moitié des prestations servies aux salariés d’Alsace-Moselle », la seconde à ce que « le Régime local puisse offrir à tous ses bénéficiaires des prestations de niveau identique au niveau minimal prévu par la loi de 2013 ». Autrement dit, la prise en charge intégrale du ticket modérateur (reste à charge après le remboursement de la Sécu), le forfait journalier hospitalier ainsi que des minimums en optique et en dentaire.

Les gérants du Régime local d’Alsace-Moselle disposent d’un peu plus de trois mois pour faire entendre leurs arguments, la généralisation des complémentaires santé devant entrer en vigueur le 1er juillet 2016 dans la région. Actuellement, la pétition a recueilli 6.325 signatures sur les 7.500 souhaitées.


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