Les autorités américaines ont déposé plainte jeudi pour s’opposer au rachat par l’assureur UnitedHealth de la société spécialisée dans le traitement de données du secteur de la santé Change Healthcare

, annoncé début 2021 pour 13 milliards de dollars.

Le ministère de la Justice ainsi que les procureurs des Etats du Minnesota et de New York estiment que l’opération permettrait à UnitedHealth, la plus grosse entreprise d’assurance santé aux Etats-Unis, d’accéder à des données sensibles sur ses rivaux.

Si elle est finalisée, la transaction nuirait à la concurrence sur le marché de l’assurance maladie ainsi que sur celui des technologies utilisées pour traiter les demandes de remboursement, avancent les autorités dans leur plainte. Cela conduirait à des coûts plus élevés, à une moindre qualité et à moins d’innovation dans le secteur de l’assurance maladie, ajoutent-elles.

De nombreux assureurs utilisent en effet les produits de Change Healthcare pour échanger les demandes de remboursement et les informations de paiement avec les fournisseurs de soins, ou pour examiner les demandes de remboursement au regard des conditions offertes par chaque assureur. UnitedHealth pourrait utiliser ces données pour optimiser son offre,
craignent les autorités qui estiment que Change Healthcare traite environ la moitié des demandes de remboursement dans le pays.

“En déposant sa plainte, le ministère fait clairement savoir qu’il n’hésitera pas à s’opposer à des transactions qui pourraient entraver la compétition en plaçant le contrôle de tant de données et d’innovations dans les mains d’une seule entreprise”, a souligné une responsable de la division antitrust, Doha Mekki, dans le communiqué. United Healthcare avait annoncé son intention d’acheter Change Healthcare en janvier 2021 pour 7,84 milliards de dollars, avec la reprise d’une dette de 5 milliards.

L’objectif était de combiner les capacités de Change Healthcare avec celles de sa filiale Optum, afin de simplifier les processus cliniques, administratifs et de paiement. UnitedHealth espérait alors finaliser la transaction au second semestre 2021. “Ensemble, Change Healthcare et Optum peuvent augmenter l’efficacité et réduire les frictions dans les soins de santé, produisant une meilleure expérience et des coûts réduits”, a encore affirmé jeudi l’entreprise dans un message transmis à l’AFP.

Le groupe estime que le ministère de la Justice se base sur une position “profondément erronée” reposant sur des “théories hautement spéculatives” et prévoit de “vigoureusement défendre” sa cause. L’administration de Joe Biden a fait de la lutte contre les pratiques anti-concurrentielles une priorité et les autorités se sont opposées à plusieurs reprises ces derniers mois à des fusions dont elles estimaient qu’elles réduiraient la compétition.